Salvador Dali et la science

mardi 18 novembre 2008

Dalí était un avide lecteur de littérature scientifique qui recherchait la compagnie des hommes de science, parmi lesquels des prix Nobel, avec lesquels il pouvait discuter aussi bien de mécanique quantique que de mathématiques ou de génétique. Sa fascination pour la science se retrouve dans son art. Cet aspect méconnu de sa personnalité a fait l'objet en 2004 d'un film documentaire intitulé The Dali Dimension: A Genius’ Lifelong Obsession with Science et il a été abordé lors du colloque international "Salvador Dalí à la croisée des savoirs" qui a eu lieu en Suisse en 2005. A rendu de l'amitié avec l'historien et scientifique Alexandre Deulofeu, aussi ampourdanais comme lui-même.

Dali : quand la science et le surréalisme ne font qu'un

Original pour les uns, véritable génie pour les autres, Salvador Dali, grand artiste du XXe siècle était un féru de science. Pour s'en rendre compte, il suffit de regarder de plus près ses œuvres. Mathématiques, génétique ou encore physique quantique… Dali s'en sert comme source d'inspiration.

Grand peintre et sculpteur espagnol du siècle dernier, Salvador Dali a marqué la mouvance surréaliste. Souvent taxé de génie fou, Dali était un touche à tout. Boulimique de connaissances et de science, il sublime chaque discipline scientifique au travers d'incroyables sculptures et tableaux. Parmi ses amis, il comptait Jim Watson, physicien ou encore René Thorn, mathématicien de renom. A sa mort, on a retrouvé comme livres de chevet ceux de Stephen Hawking, astrophysicien et de Matila Ghyka, mathématicienne. Jamais la science n'aura bénéficié d'un porte-parole aussi illustre.

Dali, un homme de science

Dès les années 30, Salvador Dali s'intéresse à l'optique et plus particulièrement aux illusions possibles de créer avec des images. L'œuvre "L'homme invisible" est le première représentation d'une image double réalisée par l'artiste. Suivront "Espagne" ou encore "L'énigme sans fin".

En 1940, il s'emballe pour la cosmologie et la physique quantique. De cette passion soudaine émergera "Marché aux esclaves avec apparition du buste de Voltaire". Mais la seconde guerre mondiale met fin à cet engouement et le plonge au cœur de la physique nucléaire. La responsable ? La bombe d'Hiroshima en 1945 lancée par les Américains sur les ennemis japonais. "Idylle atomique et uranique mélancolique" en est une des preuves. D'autres œuvres dont le nucléaire est le leitmotiv suivront toute la fin des années 40.

Les mathématiques deviennent son projet sujet d'inspiration dès les années 50. En l'occurrence, les spirales logarithmiques le fascinent. Merci Fibonacci et le nombre d'or. "Figure rhinocérontique de l'Illisos de Phidias" en 1954 montre son obsession pour la corne de rhinocéros construite selon une spirale logarithmique.

Mais la période qui souligne réellement son amour des sciences est celle de 1962 à 1978 ; une période marqué par son vif intérêt pour la génétique et plus précisément la molécule d'ADN dont la beauté structurelle intrigue et émerveille l'artiste.

Précurseur de l'ADN

Salvador Dali peut se targuer d'avoir été le premier à se saisir de la structure de l'ADN au travers de ses œuvres. La majorité des autres artistes s'en est emparé à partir des années 80 comme les sculpteurs Roger Berry avec "Portrait of a DNA sequence" et Charles Jencks avec "Spirals Time-Time Spirals".

La plus célèbre peinture de Dali illustrant la structure d'ADN en double hélice est incontestablement "Galacidalacidesoxyribonucleicacid". Fini en 1963, ce tableau rend hommage à cette découverte faite par Jim Watson et Francis Crick, leur valant au passage le prix Nobel de physiologie-médecine en 1962.

Le nom de cette œuvre résulte d'une association des noms de Gala, femme de Dali, d'acide désoxyribonucléique (ADN) et de Dali lui-même. Vous avez dit complexe ? L'artiste est un original et aime la provocation. La peinture évoque les trois moments de notre existence : la mort est suggérée à droite de l'œuvre par des hommes tenant des fusils disposés de la même manière que les bases composants l'ADN ; la vie à gauche par la molécule d'ADN et enfin l'au-delà symbolisé au milieu du tableau avec Dieu.

Cette fascination pour la structure en double hélice de l'ADN suivra Dali jusqu'à sa mort. ? Pour lui, l'ADN était la preuve de l'existence de Dieu. Qui pouvait créer une structure aussi parfaite ? Une vision que ne partageaient pas les scientifiques Watson et Crick.

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